Une amie vient de me faire part d’un article bien étrange traitant d’architecture et de dragons, sous couvert de Feng Shui.
Qui ne serait pas tenté d’en découvrir le contenu ? En tant que praticien Feng Shui, je me suis dit qu’il y avait la matière à traiter un sujet sur la symbolique et que cette corrélation avec une architecture spécifique devait sûrement dépasser le stade des croyances.
L’article que je vous invite à découvrir , évoque la présence d’ouvertures, appelées « Dragon Gates », en plein milieu d’une série d’immeubles afin de permettre aux dragons de la montagne de pouvoir descendre jusqu’à l’eau sans rencontrer d’obstacles et ainsi éviter de contrarier ces créatures mythiques sensées apporter richesse et bonheur aux humains, au risque de se retourner contre eux.
Rapidement, nous retrouvons la traduction de l’expression « Feng Shui », à savoir le vent (Feng) et l’eau (Shui).
Pour rappel, l’objectif du Feng Shui est d’atteindre la maîtrise de ces fluides. La rencontre des ces deux éléments n’est-elle pas à l’origine de la vie ? C’est l’harmonie et l’équilibre en toute chose. Il s’agit de considérer le vent (colporteur d’information) et l’eau (porteur dans l’idée de l’eau matricielle qui permet à la vie de germer) comme deux fluides porteurs d’information.
Ces deux éléments existent aussi grâce à la terre, car la circulation du vent et de l’eau façonne l’environnement.
Le Vent incarne l’énergie montante, l’énergie céleste qui apporte les messages.
L’Eau représente l’énergie descendante, l’énergie terrestre symbolisant l’inconscience, les émotions.
Dans la mythologie chinoise, les dragons, représentants de l’empereur et du pouvoir, incarnent les forces de la nature et sont notamment intimement liés au climat et à l’eau.
Dans le cas présent, sans remettre en question les mythes de l’Asie, comment pourrait-on expliquer que des architectes, sensés être un minimum rationnels, puissent s’atteler à concevoir des bâtiments aussi complexes au nom de croyances ?
Ne se cache-t-il pas une autre raison, elle-même symbolisée par ces symboles, qui effacerait ce petit sourire narquois au coins des lèvres occidentales ?
En mettant de côté la forme du sujet pour se concentrer sur le fond, en adoptant un regard feng shui et en procédant à ce qu’on appelle « une mise en lumière » en portant notre regard au-delà de la face visible de l’iceberg, nous pouvons en trouver la raison.
Les dragons mentionnés dans l’article ne seraient autres que la symbolique de l’effet de foehn ! C’est la résultante de la rencontre de la circulation atmosphérique (fluide énergétique) et du relief quand un vent dominant (autre fluide d’énergie) rencontre une chaîne montagneuse.
Lorsque le vent rencontre une montagne, il en suit le relief et s’élève.
L’air situé sur le versant ascendant subit un refroidissement adiabatique sec, c’est-à-dire une variation de température de l’air avec l’altitude qui ne dépend que de la pression atmosphérique ; l’humidité ne jouant aucun rôle. Cela va augmenter son humidité relative jusqu’à possiblement saturation. S’il y a condensation, il y aura production de nuages et précipitations de ce côté puis le taux de changement devient celui plus lent du gradient adiabatique humide, c’est-à-dire qu’en dessous d’une certaine température il y a condensation de la vapeur d’eau.
Si l’air est stable au-dessus de la chaîne de montagne, la parcelle soulevée ne peut continuer sa montée une fois la cime passée et redescend l’autre versant. Il est alors sous le point de saturation car l’eau est tombée sous forme de pluie. Lorsqu’il descend, l’air se comprime (puisque la pression augmente vers le bas) et donc sa température augmente par compression adiabatique selon le taux adiabatique sec.
Dans ce cas, l’air a reçu de la chaleur par la condensation de l’eau, donc l’air est plus chaud et plus sec sur le versant sous le vent (flèche rouge) que sur le versant dans le vent (flèche bleue).
Selon la quantité de vapeur d’eau perdue et la différence d’altitude avant et après l’obstacle, cet air descendant aura alors une température en aval plus chaude qu’en amont.
Par conséquent, tous ces buildings situés en aval du versant descendant risqueraient de retenir toute cette masse d’air chaud et d’impacter non seulement la température de la ville mais également celle des logements et des bureaux situés dans ces édifices. Notamment du côté de l’impact de l’arrivée d’air chaud.
En créant ces « Dragon Gates », les architectes permettent à cette descente d’air chaud de ne pas se cumuler, de ne pas stagner et de pouvoir circuler librement.
Et c’est là que l’on peut donner à ces courants d’airs chauds la forme de « dragons » volant librement à travers ces bâtiments.
C’est là l’exemple même du principe fondamental du Feng Shui : vivre en harmonie avec l’environnement naturel dont nous sommes tributaires et accompagner les flux d’énergie qui nous entourent au lieu de leur résister.
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